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Cohezio vous propose de passer en revue avec Michel Muller, Conseiller en Prévention - Médecin du Travail, les mesures qui peuvent être prises pour prévenir l’épuisement professionnel. Celles-ci peuvent être centrées tant sur l’organisation générale de l’environnement de travail que sur l’individu.

Dr Muller, quelles sont les mesures globales – c’est-à-dire qui concernent l’organisation générale du travail – que peuvent prendre les employeurs pour prévenir le risque de burnout chez leurs travailleurs ?

"Les facteurs de stress reconnus et pouvant donc mener au burnout sont la charge de travail, le degré d’autonomie dans le travail, le soutien social que chacun reçoit des collègues ou de la hiérarchie, ainsi que les récompenses que chacun reçoit dans son milieu professionnel. Plus concrètement cela concerne entre autres : la surcharge de travail, le travail en situation de danger, les restrictions de moyens, les conflits de rôle, le manque de reconnaissance et de soutien, …

La littérature scientifique a montré plusieurs approches permettant de prévenir le burnout dans une organisation. Les plus efficaces concernent la diminution des exigences de travail : fournir des objectifs réalistes, diminuer la charge globale de travail, réorganiser les procédures de travail, diminuer le travail administratif, répartir équitablement le travail, ...

D’autres stratégies y contribuent aussi : favoriser la participation des collaborateurs à la prise de décision, établir des procédures managériales de gestion des conflits, améliorer la communication dans les 2 sens entre hiérarchie et travailleurs, valoriser et reconnaître le travail de chacun, …"

Quelles personnes doivent être sensibilisées en premier lieu à cette prévention ?

"Pour que de telles actions soient appliquées effectivement et de façon durable, il est important que l’employeur lui-même, ainsi que la ligne hiérarchique elle-même soient prioritairement sensibilisés au problème. Sinon toute intervention risque de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau."

Dans le cadre de leur travail, existe-t-il des techniques qui peuvent être adoptées par les travailleurs pour prévenir le burnout ?

"Les personnes les plus touchées sont au départ des gens très impliqués et actifs dans leur travail, qui ont des attentes importantes vis-à-vis de celui-ci. Il est donc important d’avoir d’autres centres d’intérêt et revoir son échelle de priorités (travail, famille, loisirs, amis, ascension sociale, équilibre veille-sommeil, …). Nous devons aussi être à l’écoute de nous-mêmes, de nos sentiments et de notre corps et être attentifs aux signaux que nous percevons, pour pouvoir réagir à temps. Il ne faut pas non plus hésiter à faire des choses qui nous sont agréables et s’accorder des moments de détente, seul ou accompagné. Connaître ses limites et pouvoir dire non si nos limites sont atteintes contribue aussi à la prévention du burnout.

Les études ont cependant montré que toutes ces attitudes sont beaucoup plus efficaces si elles sont aussi soutenues par des mesures collectives au niveau de l’organisation de travail."

   Techniques pour se préserver du burnout au travail

Etablir un horaire :

  • Consacrer le temps nécessaire au sommeil, au travail, aux loisirs, à la famille et les contraintes et autres exigences (tâches ménagères, etc.).
  • Favoriser la spontanéité et la flexibilité (adaptations possibles).
  • Prévoir des périodes de repos par exemple, pauses, temps de midi mais également sorties et loisirs après le travail.
  • Evaluer le temps nécessaire à chaque tâche.
  • Prêter attention à l’envahissement par la technologie : le téléphone portable et Internet peuvent rendre les personnes accessibles 24 heures sur 24.
  • Offrir des heures de disponibilité à son employeur et tenter de s’y limiter s’avère adéquat.

Planifier son travail :

  • Partager son temps efficacement et en définissant des priorités.
  • Prendre le temps de préciser l’objectif et d’évaluer les divers moyens pour effectuer un travail avant de s’y plonger.
  • Aborder les tâches difficiles par étape.
  • Privilégier la réalisation d’une tâche à la fois : il vaut mieux se concentrer à fond sur une seule chose, plutôt qu’à moitié sur plusieurs.

Eviter le perfectionnisme :

  • Essayer de ne pas être parfait en tout et tout le temps. Nous pouvons être plus ou moins efficaces selon les circonstances et il importe de ne pas se fixer des objectifs inatteignables. Tout le monde commet des erreurs, et tout le monde peut en tirer des enseignements.

Apprendre à dire NON, à déléguer :

  • Ne pas chercher à tout faire ni à satisfaire tout le monde.
  • S’affirmer et oser refuser.
  • Ne pas reprendre constamment les tâches et les problèmes des autres.
  • Abandonner l’idée que si ce n’est pas moi qui le fait, se sera mal fait et donc en osant déléguer.

Ne pas hésiter à demander de l’aide à des personnes différentes, internes et externes à l’institution.


Varier son travail et dans la mesure du possible :

  • Echanger certaines tâches avec un(e) collègue – dans la mesure du possible.
  • Partager des trucs et expériences entre collègues.
  • Envisager – si possible - de nouvelles fonctions, de sorte à essayer de nouvelles choses.