Pénibilité au travail : enjeux et réflexions
Publication 27 juin 2017

Pénibilité au travail : enjeux et réflexions

Le 12 mai 2017 s’est tenue la grande journée annuelle de la Société Scientifique de Santé au Travail sur le thème : « La pénibilité au travail : une notion centrale en prévention ». L’occasion de réunir les professionnels de la prévention au travail autour de ce thème, qui a connu une évolution dans son approche et ses définitions. 


Il est à nouveau dans l’actualité, depuis les travaux du gouvernement sur la réforme des pensions et la pénibilité, tentant de définir des critères de pénibilité des différentes professions permettant ainsi l’accès de celles-ci à des conditions de carrières plus favorables pour une pension anticipée.

 

Cette notion de pénibilité soulève cependant une série de questions et d’enjeux :

  • N’est-ce pas une construction sociale ? Certains éléments peuvent être considérés comme pénibles à un endroit et à un moment donnés. Par exemple le plus contraignant pour les gardes-malades belges actuellement est le contact avec la famille du patient, alors qu’elles mettent l’accent sur les contraintes physiques dans d’autres pays. Quels critères devraient servir de base à cette mesure de la pénibilité du travail ?
     
  • Pourquoi identifier des facteurs de pénibilité ? Serait-ce simplement pour indemniser ceux qui y sont exposés ? Ne serait-il pas tout aussi judicieux et plus équitable de réaliser tout un travail de prévention autour de ces facteurs pour permettre à chacun de pouvoir espérer plus d’années de vie en bonne santé ? Ceci afin de réduire les inégalités socio-économiques de santé.
     
  • Ces critères de pénibilité doivent-ils être mesurés dans une approche collective ou individuelle ?
     
  • Une fois définis les critères de pénibilité, il faut pouvoir assurer la traçabilité de ces expositions professionnelles, et en permettre un enregistrement clair et correct pour chacun.

Cette journée a aussi permis de découvrir l’expérience française en la matière, puisque cette notion de pénibilité fait partie de leur arsenal législatif depuis plusieurs années. Un exposé de l’institut de santé au travail du nord de la France, nous a montré, notamment, comment l’analyse des décisions d’inaptitude enregistrées par les médecins du travail volontaires a permis de définir une série de pathologies et de conditions de travail pouvant y contribuer dans toute une série de professions. Ceci a permis d’éditer un guide du maintien dans l’emploi, avec une série de fiches métiers reprenant les facteurs de risques et les mesures de prévention applicables dans chacun d’entre eux.

Un exposé des préventeurs de Solvay a aussi permis de montrer une application interne permettant d’obtenir une traçabilité des expositions (chimiques, mais aussi physiques et biologiques) en fonction des postes de travail et des processus de production pour chacun des employés.

Cette journée n’a peut-être pas débouché sur des recettes toutes faites, mais a permis de faire avancer la réflexion sur le sujet, et les résumés des exposés sont disponibles sur le site de la SSSTr.

Michel Muller
Conseiller en prévention - Médecin du travail Cohezio
 

Publié dans Actuascan, juin 2017, n°6.