Une formation en secourisme peut sauver des vies : récit d’une réanimation réussie à la sa RBB de Tessenderlo, une expérience riche en enseignements
Publication 30 mars 2017

Une formation en secourisme peut sauver des vies : récit d’une réanimation réussie à la sa RBB de Tessenderlo, une expérience riche en enseignements

Cohezio est un organisme agréé pour dispenser les formations de base et les recyclages en secourisme, ainsi que les formations sur l’utilisation du défibrillateur externe automatisé. Nous ne pouvions résister à l’envie de vous faire partager ce récit d’une réanimation réussie ayant eu lieu dans une entreprise affiliée chez Cohezio.

RBB sa, fabricant de tuiles à Tessenderlo, est une des filiales de Eternit et Monier, le plus important producteur de tuiles au monde. La sa RBB est affiliée chez Cohezio depuis des années et offre chaque année la possibilité à ses dizaines de travailleurs de suivre une formation ou un recyclage en secourisme chez Cohezio. Le lundi 5 décembre 2016, il a clairement été démontré que cet investissement dans la formation à la réanimation porte ses fruits.

L’incident

Le 5 décembre 2016 est un lundi comme les autres, marquant l’entame d’une nouvelle semaine de travail. Le personnel s’affaire et l’usine tourne à plein régime pour atteindre sa production habituelle de 128 tuiles à la minute. Un ouvrier de production se présente alors au bureau de son responsable Walter L., et lui demande la permission de retourner chez lui plus tôt parce qu’il ne se sent pas bien. Le hasard veut que Jozef B., conseiller en prévention interne, soit également présent dans le bureau à ce moment-là. Le responsable de l’ouvrier de production n’a même pas le temps de répondre que son ouvrier s’écroule.

Jozef et Walter ont tous deux suivi une formation de secouriste et interviennent donc immédiatement.
Ils déterminent tout d’abord l’état de la victime : elle est inconsciente et ne respire pas.
Jozef et Walter comprennent rapidement qu’il s’agit probablement d’une défaillance cardiaque et connaissent les gestes à poser.

Mais dans quel ordre agir ? Faut-il d’abord aller chercher le DEA (défibrillateur externe automatisé) de l’entreprise ? Pas de panique, l’ordre correct des étapes est gravé dans l’esprit de Jozef : il faut avant tout avertir les services de secours. Étape primordiale à ne pas oublier dans ce genre de situation de panique !

Walter appuie sur la touche d’urgence de son téléphone : le numéro d’urgence 112 se compose alors automatiquement. (voir aussi la partie « Conseils pratiques » plus loin dans cet article)

Entre-temps, Jozef commence le massage cardiaque manuel : de ses deux mains, il compresse la cage thoracique de la victime d’un mouvement répété de pompe. Au même moment, un troisième collègue, Martin V., est chargé d’aller immédiatement chercher le défibrillateur externe automatisé (DEA) et de le déballer.

Par téléphone, Walter communique aux services de secours que la victime est inconsciente et que l’on va brancher le DEA. Les services de secours comprennent ainsi aussitôt ce qu’il se passe et il leur est alors inutile de poser différentes questions pour essayer de déterminer l’état de la victime. Cela permet de gagner un temps précieux.

Grâce à la formation qu’il a suivie, Jozef connaît bien le fonctionnement du DEA. Avec l’aide de Martin, il branche les électrodes sur le thorax de la victime. Ils écoutent ensuite les directives vocales données par l’appareil. Entre les différents chocs délivrés par le DEA, Jozef reprend le massage cardiaque manuel. L’impact des chocs est clairement visible au niveau des réactions physiques de la victime inconsciente. Les secouristes ne se laissent pas décontenancer pour autant, ils ont en effet vu ce phénomène durant la formation.
 

Le DEA disponible dans l’entreprise RBB sa

Alors que Jozef continue le massage cardiaque manuel, Walter prend le pouls de la victime. À chaque compression de la cage thoracique, Walter sent que le pouls revient, puis disparaît à nouveau lorsque la compression est relâchée. C’est ainsi qu’il a véritablement fait l’expérience du rôle que joue la réanimation cardiopulmonaire en remplaçant la fonction de pompage du sang, assurée normalement par le cœur. C’est précisément le but poursuivi lors du massage cardiaque manuel : remplacer les fonctions cardiaques déficientes de la victime jusqu’à l’arrivée des services de secours médicaux.

Au troisième choc, une amélioration notable se produit enfin dans l’état de la victime : elle a retrouvé une fonction cardiaque autonome et respire.

Les secouristes placent alors la victime en « position latérale de sécurité » pour éviter qu’elle ne s’étouffe dans ses vomissements et/ou son sang.

La position latérale de sécurité
 

Dans l’attente des secours, les intervenants s’interrogent quant à la manière la plus adéquate pour les services de secours d’accéder à la victime. Un problème va toutefois se poser. Il est en effet préférable de ne pas déplacer la victime tant que le personnel médical n’est pas encore sur les lieux, sauf en cas de danger. Mais la victime est allongée à proximité de la porte et empêche de ce fait son ouverture totale.

Un ingénieux collègue a alors l’idée de sortir la porte de ses gonds. Aussitôt dit, aussitôt fait, un jeu d’enfant pour tout bricoleur.

En parallèle, on demande à quelques collègues d’aller se poster dans la rue pour accueillir les services de secours depuis la rue et les guider jusqu’à la victime. Cet aspect – non négligeable pour gagner du temps – a également été appris durant le recyclage annuel en secourisme.

Lorsque les secours arrivent, ils atteignent sans difficulté l’endroit où se trouve la victime et l’installent aisément sur une civière après lui avoir administré les soins intensifs nécessaires.

La victime est transportée à l’hôpital le plus proche pour recevoir la suite du traitement. Elle a pu quitter l’établissement hospitalier quelques semaines plus tard pour commencer ensuite la revalidation. Ce fut un grand soulagement pour ses collègues.

L’approche parfaite dans la gestion de cette intervention a fait écho auprès de la société mère Eternit et Monier. Après ce qu’il s’était passé chez RBB sa à Tessenderlo, il a été décidé, à l’échelle mondiale, de libérer des budgets pour équiper chaque filiale d’un DEA.

Sauver une vie, cela n’arrive pas tous les jours ! Martin Vankrunkelsven, Jozef Broux et Walter Lemmens (de gauche à droite) ont été récompensés comme il se doit.

Chaque minute compte !

Réagir au plus vite est d’une importance capitale, chaque minute compte. Les chances de survie diminuent de 10% pour chaque minute passée sans réanimation.

Le but du massage cardiaque est de remplacer les fonctions cardiaques déficientes (fonction de pompage) de la victime.

Le massage cardiaque seul permet de faire quelque peu baisser le risque d’issue fatale mais pas toujours de manière suffisante. Si en complément, on délivre des chocs au moyen d’un DEA, les chances de survie augmentent dans une proportion bien plus élevée. Ces chocs permettent en effet de rétablir les mouvements incontrôlés de vibration du cœur (fibrillation). Le cœur peut ainsi reprendre sa fonction de pompe de manière autonome. Si les premiers chocs (défibrillation) sont délivrés dans les 5 minutes, les chances de survie montent même à 70%.

Illustration : les chances de survie dans les minutes qui suivent un malaise cardiaque. « CPR » est l’abréviation anglaise de réanimation cardiopulmonaire (massage cardiaque manuel), « defibrillation » fait référence à l’administration des chocs à l’aide du DEA.

Conseils pratiques

Voici les conseils pratiques de Jozef Broux. Conseiller en prévention interne à la sa RBB depuis 10 ans, il est par ailleurs déjà intervenu à plusieurs reprises pour sauver la vie d’une personne.

  • Pour éviter de perdre du temps, équipez chaque téléphone d’une touche d’urgence bien visible, permettant d’appeler automatiquement le 112. Les entreprises dont la téléphonie fonctionne par Voice over IP, comme c’est souvent le cas actuellement, doivent savoir qu’il est impossible d’appeler le numéro 112 par Voice over IP. Il est donc primordial de configurer le numéro d’urgence de telle sorte à ce que le 112 soit automatiquement appelé via la ligne téléphonique « classique » lorsque l’on appuie sur la touche d’urgence. Cette restriction découle d’une obligation légale visant la traçabilité de l’appelant. Lorsque le 112 est formé à partir d’un GSM, l’appel se fait toujours directement.

Chez RBB sa, chaque poste téléphonique a été équipé d’un bouton d’urgence (bouton rouge en haut à droite).

  • Lorsque l’on prévient les services de secours, il faut leur communiquer au plus vite et le plus clairement possible que la victime est inconsciente et que l’on utilise un DEA. À défaut, on perdra un temps précieux à répondre à différentes questions posées (à bon escient !) par les services de secours afin de leur permettre d’évaluer la situation. Dans le cas présent, mentionner ces deux éléments a permis aux services de secours de disposer rapidement de suffisamment d’informations. Ils ont ainsi pu aussitôt prévenir le service d’ambulance le plus proche et le SMUR d’un hôpital voisin. N’oubliez pas qu’en tant que secouriste, vous devez raccrocher en dernier, l’emplacement précis où se trouve la victime étant également d’une importance cruciale.
     
  • Exercez-vous régulièrement aux situations d’urgence. Répétez la procédure à appliquer (d’abord appeler les services de secours, ensuite effectuer un massage cardiaque tout en demandant à quelqu’un d’aller chercher le DEA). L’importance du recyclage réside dans l’acquisition d’une routine qui permet d’agir avec une plus grande confiance en soi dans les situations d’urgence.
     
  • Veillez à ce que tout le monde au sein de l’entreprise soit au courant de la présence d’un DEA sur le site, ainsi que son emplacement. Il est dès lors capital de bien signaler sa présence en plaçant un nombre de pictogrammes suffisant !

Chaque fois qu’un incident se produit, une fiche est établie afin d’en tirer des enseignements pour l’avenir. Cette fiche est mise à la disposition des autres filiales du groupe auquel appartient RBB sa via l’intranet.

 

Publié dans Actuascan, mars 2017, n°3.