En juin 2015, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) a publié une révision de ses recommandations nutritionnelles pour les vitamines.
Absorber trop de vitamines et d’oligoéléments (minéraux dont seules des traces sont présentes dans le corps humain) est souvent inutile et peut en outre être nocif. C’est la raison pour laquelle le Conseil Supérieur de la Santé a revu ses recommandations nutritionnelles pour ces nutriments et fixé les quantités maximales qui peuvent être ajoutées aux aliments ou être mises sur le marché dans des compléments alimentaires.

Nous avons sélectionné pour vous les recommandations en rapport avec les vitamines A, D et E.

Vitamine A : rétinol (animal) et bêta-carotène (végétale)

En ce qui concerne la vitamine A, les règles sont les mêmes que précédemment : une prise de rétinol animal supérieure à 3 000 µg/jour peut entraîner des malformations chez l’enfant pendant la grossesse. C’est la raison pour laquelle il est recommandé aux femmes enceintes et à celles qui souhaitent le devenir d’éviter le foie, les aliments à base de foie et les compléments alimentaires contenant du rétinol. Pour le bêta-carotène végétal, aucun plafond n’a été fixé étant donné que la prise de celle-ci, même répétée, n’entraîne pas d’élévation du taux de rétinol. Pouvons-nous vous rassurer quelque peu ? Si vous êtes enceinte, vous pouvez donc manger beaucoup de légumes (lavés), de même que les compléments vitaminés spécialement conçus qui, combinés à de l’acide folique, contiennent également du bêta-carotène.

Vitamine D

Là où une dose trop importante de vitamine A peut poser problème en cas de grossesse, la vitamine D est essentielle durant cette période. Même en Belgique, on observe encore une carence en vitamine D durant la grossesse. Une carence chez la femme enceinte provoque une carence pour le futur bébé et un apport insuffisant durant la petite enfance peut entraîner un retard de croissance, des malformations du squelette et un risque accru de fracture de la hanche lors du vieillissement.

Le lait maternel contient trop peu de vitamine D3 pour garantir le niveau de vitamine D du nouveau-né ; un complément de maximum 10 µg par jour est donc nécessaire dès la naissance et pendant toute l’enfance. L’organisme peut produire de la vitamine D supplémentaire grâce à la lumière du soleil, mais en même temps, les enfants doivent absolument être bien protégés contre les coups de soleil jusqu’à l’âge de 6 ans.

Le CSS conseille d’administrer, abstraction faite de la prise continue de vitamine D par le biais de l’alimentation, un complément alimentaire contenant de la vitamine D dès la naissance, avec un supplément de 10 µg par jour pour les enfants et de 15 µg par jour pour les adolescents jusqu’à l’âge de 18 ans, indépendamment de leur exposition au soleil.

Pour les adultes, un complément alimentaire de 10 µg par jour est conseillé. Cette dose passe à 15 µg par jour pour les personnes présentant un risque d’ostéoporose et à 20 µg par jour durant la grossesse, pendant l’allaitement et pour les personnes âgées. Les résultats des observations réalisées par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) montrent que, chez les adultes en Europe, la prise de vitamine D3 par le biais de l’alimentation est en moyenne trop basse (à peine 5 µg par jour). Vous pouvez bien sûr faire contrôler votre taux sanguin de vitamine D. En cas de carence, vous pouvez alors prendre un complément, surtout en périodes de faible ensoleillement. Toutefois, les avis divergent encore au sujet des doses supplémentaires de vitamine D. Parlez-en à votre médecin ou à votre spécialiste.

Vitamine E

Une carence en vitamine E est rare à l’âge adulte.

De nombreuses études ont été menées, notamment par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), pour évaluer l’influence de la prise de vitamine E sur l’incidence des maladies chroniques.

La prudence est de mise à l’égard des mégadoses vendues comme compléments alimentaires : les résultats d’études d’intervention ont en effet attiré l’attention sur le risque de recrudescence de certaines maladies (risque d’hémorragie, entre autres). Une étude de grande envergure (l’étude SELECT) a en outre montré qu’un risque accru de cancer de la prostate apparaissait en cas d’administration simultanée de vitamine E (400 UI/jour) et de sélénium (200 μg par jour) chez des hommes en bonne santé (Klein et al., 2011).

L’ancien apport maximal autorisé proposé en 2003 par le Comité scientifique de l’alimentation humaine (CSAH) s’élevait à 270 mg/jour. Compte tenu des résultats de l’étude SELECT, le CSS propose de réduire cette prise maximale de vitamine E à 150 mg/jour pour les adultes.

Le Conseil Supérieur de la Santé souhaite mettre en garde contre les pratiques peu étayées, comme certaines formes de médecine alternative qui recourent à d’importantes doses de vitamines et de compléments ainsi qu’à des cures d’antioxydants. Le Conseil Supérieur de la Santé appelle à continuer à faire confiance à l’« evidence-based medicine » qui s’appuie sur la connaissance et la recherche scientifique.

En conclusion, il est surtout important d’avoir une alimentation équilibrée. Les compléments vitaminés sont recommandés pour les femmes enceintes. Le Conseil Supérieur de la Santé conseillent un apport supplémentaire en vitamine D jusqu’à l’âge de 6 ans. Une prise supplémentaire de vitamine D est recommandée en cas de risque accru d’ostéoporose.

 

Référence :

CSS n° 9164 & 9174, juin 2015.


Dr Mathieu VERSEE
Conseiller en prévention-médecin du travail
Conseiller scientifique

Source : Actuascan, novembre 2015, n°11