Dans le film très applaudi « Chocolat », Juliette Binoche nous vantait les bienfaits du chocolat, confirmés par ailleurs par la littérature médico-scientifique. Le cacao, principal ingrédient du chocolat (noir, de préférence), contient en effet de nombreuses molécules dont les propriétés bénéfiques pour la santé ont été avérées. Dans la perspective toute proche de la visite de Saint Nicolas (pour les plus sages uniquement, cela va de soi), penchons-nous sur cet aliment bien actuel.


Effet énergétique et stimulant

Le chocolat a un effet stimulant que l’on peut attribuer à la théobromine, un alcaloïde voisin de la caféine. C’est cette substance qui donne également au chocolat noir son goût amer que de nombreux producteurs de chocolat corrigent par l’ajout de quantités nocives de sucre. Bonne nouvelle pour les palais sucrés : un producteur de chocolat américain aurait découvert un extrait de plante originaire des Andes qui neutraliserait cette saveur amère, ce qui permettrait de réduire les ajouts de sucre. Mais en attendant, il vaut mieux continuer à consulter les indications sur l' emballage.

D’autres substances telles que la phényléthylamine, la N-oléoyléthanolamine et la N-linoléyléthanolamine ont un effet positif sur le cerveau. Ils permettent d’augmenter le taux de sérotonine, une substance qui fait défaut chez certaines personnes en dépression. En cas de coup de fatigue ou de blues, au bureau, vous aurez donc une bonne raison de vous laisser aller à croquer un morceau de chocolat. C’est le médecin qui vous le recommande !

Protection du cœur et du cerveau

Le chocolat noir est le chocolat contenant le plus de flavonoïdes. Il s’agit de polyphénols, des antioxydants que l’on trouve également dans le thé vert, le vin rouge et certaines légumineuses. Une vaste étude scientifique a démontré que la consommation régulière de quantités limitées de chocolat noir a un rôle protecteur contre l’infarctus du myocarde et l’AVC, ce qui s’expliquerait par l’effet favorable des flavonoïdes sur les vaisseaux sanguins. Ainsi, chez les personnes présentant des affections cardiaques, un morceau de chocolat pourrait même faire office d’alternative à part entière à certains médicaments contre l’hypertension … alternative qui ne bénéficie malheureusement pas encore d’une prise en charge par la mutuelle.

Les flavonoïdes amélioreraient également les fonctions cognitives, dont la mémoire. Cela ne constitue toutefois pas la preuve d’un quelconque effet protecteur du chocolat contre les affections dégénératives telles qu’Alzheimer ou d’autres formes de démence. Mais en tout cas, les participants à l’étude n’ont pas oublié de prendre leur dose quotidienne de chocolat.

Stimulation de la sexualité ?

Le chocolat est également vanté pour ses vertus aphrodisiaques. Il boosterait en effet la libido grâce à la phényléthylamine qui stimule la production d’endorphine et active la région du cerveau liée au plaisir. Ces assertions sont malheureusement sans fondement scientifique. Le cacao contient bel et bien de la phényléthylamine mais l’ingestion de cette substance ne lui permet toutefois pas d’atteindre la circulation sanguine ni le cerveau.

Encore plus troublant : en dépit de la croyance largement répandue, il n’existe tout simplement pas d’aliments aphrodisiaques. Quoi qu’il en soit, que cela ne vous empêche pas de continuer à savourer pleinement huîtres, gingembre et autre mouche espagnole. Mais en dehors des saveurs gustatives ou d’une éventuelle sensation de chaleur, il ne faut pas s’attendre à ressentir d’effets particuliers.

Quel type de chocolat et en quelle quantité

Comme le dit le vieil adage : l’excès nuit en tout. Le chocolat présente des vertus saines en raison de sa teneur en cacao mais il contient également des graisses moins bonnes pour la santé et une quantité démesurée de sucre. C’est particulièrement le cas du chocolat au lait et du chocolat blanc. Le chocolat blanc est d’ailleurs à éviter à tout prix car il ne contient pas de poudre de cacao. Le chocolat au lait contient quant à lui un taux minimum de 34% de cacao. On obtiendra donc les bienfaits les plus marqués en consommant uniquement du chocolat noir ayant une teneur minimale de 70% (et de préférence de 90%) de cacao.

Enfin, il est préférable de limiter sa consommation moyenne à 25 grammes de chocolat par jour, ce qui représente tout de même 125 kcal ou l’équivalent de 2,5 points pour les adeptes de Weight Watchers.

Conclusion

Inutile donc de se sentir coupable en prenant de temps en temps un morceau de chocolat apporté par Saint Nicolas car le chocolat apporte des bienfaits pour la santé. Mais il en va de même pour tous les plaisirs : usez-en avec mesure.

 

Dr Edelhart Kempeneers
Conseiller en prévention - médecin du travail
Directeur scientifique Flandre et Bruxelles

Source : Actuascan, novembre 2015, n°11