L’hiver est la période la plus critique pour les expositions au radon, ce gaz radioactif d’origine naturelle nocif pour l’homme. C’est donc aussi la période la plus propice pour réaliser le test qui permet de mesurer la concentration de radon, tant dans les habitations que sur les lieux de travail.


Qu’est-ce que le radon ?

Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle, inerte, incolore, inodore.

La principale source d’exposition provient de la désintégration radioactive naturelle de l’uranium 238 présent dans le sol. Il constitue la principale source de radioactivité d’origine naturelle à laquelle l’homme est exposé.

Le radon s’infiltre à partir du sol en dessous des bâtiments ; il peut ensuite pénétrer dans les habitations par les fissures des fondations, au niveau des joints, des vides ventilés non bétonnés, les fissures des murs, les entrées et sorties de canalisations, etc.

Exposition  au radon : existe-t-il des zones à risque ?

L’uranium-238 qui génère le radon est présent dans le sol en quantité très variable selon la nature de ce sol ; les sols riches en grès, en granit et surtout en schiste sont particulièrement riches en uranium-238 et peuvent libérer plus facilement le radon par la présence de fissures ou de fractures. Ceci explique que l’exposition au radon est plus importante au Sud de la Belgique, particulièrement dans des zones correspondant approximativement aux arrondissements de Bastogne, Neufchâteau et Verviers. Des taux élevés supérieurs à 400 Bq/m³ (*) y sont mesurés dans plus de 5 % des habitations.

Si des zones plus à risque peuvent être identifiées, il est possible néanmoins d’observer des taux élevés partout. Seule la réalisation de tests de mesure du radon permet d’avoir une certitude. 

Les taux sont plus élevés pendant la période hivernale en raison d’une ventilation naturelle moins importante.

Quels sont les effets d’une exposition au radon sur la santé ?

L’exposition au radon entraîne une augmentation du risque de cancer du poumon. Ce risque est bien documenté par de nombreuses études réalisées chez les mineurs d’uranium qui sont exposés à des concentrations élevées.  Des études épidémiologiques menées en Europe, ont confirmé que des concentrations plus faibles, telles que celles mesurées dans certaines habitations, jouent également un rôle dans l’apparition de cancers pulmonaires. Pour une habitation donnée, le risque est proportionnel à la concentration en radon de l’air respiré et au temps passé dans les locaux concernés. Pour une même concentration, le risque est environ 20 fois plus élevé chez le fumeur que chez le non-fumeur.

Comment mesure-t-on le radon ?

Un test simple et peu coûteux (de l’ordre de 30 €) permet de mesurer le radon dans une habitation ou un lieu de travail.  Ce test doit être effectué pendant une période suffisamment longue (3 mois) et durant la période hivernale (entre octobre et mai). Il est réalisé au moyen d’un dosimètre qui enregistre les traces laissées par les particules alpha émises par le radon et ses descendants.

Et sur le lieu de travail, que faut-il faire ?

La législation belge est très précise sur le sujet. C’est l’arrêté royal du 20 juillet 2001 concernant la protection de la population, des travailleurs et de l’environnement contre le danger des rayonnements ionisants qui régit la matière. Au travers des articles 4, 9 et 20.3, son champ d’application a en effet été élargi aux activités professionnelles mettant en jeu des sources naturelles de rayonnements ionisants. L’exposition au radon dans des locaux professionnels rentre donc dans ce champ d’application.

Les lieux de travail concernés, qui doivent donc faire l’objet d’une surveillance pointue, sont :

  • les locaux de travail souterrains
  • les installations de traitement des eaux
  • les établissements scolaires
  • les crèches
  • les instituts de soins
  • les bâtiments publics
  • et de manière plus générale, tous les locaux de travail se trouvant dans une zone à risque définie par l’Agence Fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN). Ces zones à risque concernent les zones où les mesures effectuées dans les habitations sont supérieures à 400 Bq/m³ dans plus de 5 % des habitations. Il s’agit spécifiquement des arrondissements de Verviers, Bastogne, Neufchâteau, Marche-en-Famenne et Dinant.

Pour ces lieux de travail, l’agence a défini deux niveaux d’intervention : un niveau d’action et une limite supérieure.

Le niveau d’action représente la concentration en radon constatée dans un local, exprimée en Bq/m3, au-dessus de laquelle l’AFCN, recommande fortement de prendre des mesures de réduction du radon. Cette concentration est de 400 Bq/m³ pendant une période de travail estimée de 2000 heures par an (période standard de travail).

La limite supérieure en radon correspond à une concentration de 3000 Bq/m³ pendant une période de 2000 heures de travail.

Quelle mesure prendre une fois le test réalisé ?

Si les mesures réalisées sont inférieures à 400 Bq/m³ : aucune mesure complémentaire n’est exigée. Seul un suivi est préconisé après 10 ans ou s’il y a des modifications radicales des locaux.

Si au moins une des mesures réalisées donne un résultat compris entre 400 et 3000 Bq/m³ : une étude détaillée et des mesures de contrôle supplémentaires doivent être réalisées. Si les mesures de contrôle démontrent que l’exposition reste supérieure à 400 Bq/m³ : des mesures de correction doivent être prises. Si l’optimisation ne permet pas un retour sous la limite inférieure, les principes de protection contre les rayonnements ionisants s’appliquent: les schémas de travail doivent être adaptés pour ne pas dépasser le niveau d’action et l’exposition individuelle doit être suivie. A noter qu’il n’y a actuellement pas de dosimètres personnels fiables et agréés pour le radon.

Si au moins une des mesures réalisées donne un résultat supérieur à 3000 Bq/m³ : des mesures d’optimisation doivent être prises. Il est conseillé de réaliser des mesures continues qui permettent de déterminer la source de pollution et d’y remédier rapidement.

Que faire pour diminuer la concentration en radon ?

  • Améliorer l'étanchéité du bâtiment pour limiter l'entrée du radon (colmater les entrées de canalisations, les portes, les fissures dans le sol, etc.)                                       
  • Vérifier l'état de la ventilation et rectifier les dysfonctionnements éventuels
  • Améliorer ou rétablir l'aération naturelle du soubassement du bâtiment (ouvertures des aérations de vide sanitaire ou de caves obstruées)
  • Assurer de manière temporaire une ouverture régulière des fenêtres en l'absence d'autre système de ventilation.

Si ces mesures ne suffisant pas, il conviendra alors de faire appel à des organismes spécialisés.

Dr Cécile Surleraux
Conseiller en prévention-médecin du travail
 

* Le Becquerel (Bq) est l’unité de mesure de la radioactivité et correspond à une désintégration radioactive par seconde. Un becquerel de radon par m³ (Bq/m³) correspond à la désintégration d’un atome de radon par m³ et par seconde.

Source : Actuascan, novembre 2015, n°11