Nous sommes maintenant entrés dans les mois d’automne et d’hiver et les infections respiratoires se font dès lors plus fréquentes. Nous allons nous pencher sur l’une d’entre elles en particulier : la coqueluche. Pour différentes raisons, la coqueluche est en augmentation en Belgique, tant en Flandre qu’en Wallonie. Au travers de cet article, nous voulons souligner l’importance de la vaccination. En effet, d’une part, la bactérie est très fréquente et très contagieuse, et d’autre part, la maladie est parfois sous-estimée et peut être très dangereuse et fort désagréable. Les nourrissons en particulier ont un risque très élevé de contracter la maladie, mais les enfants plus âgés et les adultes insuffisamment vaccinés sont plus à risque qu’ils ne le pensent. Les femmes enceintes et les personnes souffrant d’affections cardiaques ou respiratoires présentent également un risque accru.
 

Quelles sont les causes et la symptomatologie de la coqueluche ?

La coqueluche est causée par une bactérie appelée Bordetella pertussis (du nom du scientifique belge Jules Bordet qui a découvert la bactérie). Les quintes de toux typiques s’accompagnant d’une détresse respiratoire sont dues à la toxine pertussique qui a un effet longue durée sur les voies respiratoires.

La coqueluche commence par un rhume commun et une sensation de malaise général. La maladie se manifeste surtout la nuit par une toux piquante sèche et forte. Par la suite, cette toux apparaît également en journée. Après une à deux semaines, ce rhume persistant passe à un stade paroxystique (= par poussées) caractérisé par plusieurs quintes de toux se succédant rapidement lors de l’expiration et laissant ensuite place à une respiration sifflante. Le patient peut avoir cinq à quinze quintes de toux avant de pouvoir respirer, ce qui peut provoquer une détresse respiratoire. Cette situation peut se produire une cinquantaine de fois par jour. La toux s’accompagne d’expectorations claires et visqueuses. Le patient est parfois sujet à des vomissements. Ce stade paroxystique peut durer un peu plus de deux semaines. Au troisième stade, la phase de rétablissement, les quintes de toux typiques se transforment en une toux moins dense qui perdure pendant quelques semaines. Chez les nouveau-nés et les prématurés, on peut passer à côté du diagnostic en raison de la possible absence de toux. En effet, les seuls symptômes qui peuvent se manifester sont les apnées temporaires (arrêts respiratoires) et la cyanose (coloration bleue de la peau).

Quelles sont les personnes les plus à risque ? Quels sont les groupes à risque ?

L’affection peut s’avérer extrêmement dangereuse pour les nouveau-nés non-vaccinés et peut être mortelle. C’est pourquoi les nourrissons sont vaccinés contre la coqueluche le plus rapidement possible (la vaccination est déjà possible dès 8 semaines après la naissance).

Outre les nourrissons, les adultes constituent également un groupe à risque et peuvent développer une forme sérieuse de la maladie. Chez les femmes enceintes, la coqueluche est d’autant plus dangereuse étant donné que la toux violente peut conduire à une naissance prématurée, et que le nouveau-né peut être contaminé par sa mère.

La bactérie de la coqueluche est-elle toujours dangereuse ?

Non, fort heureusement, de nombreuses personnes sont contaminées mais ne développent pas une forme sévère de la maladie. Les patients adultes ne présenteront généralement pas ou peu de symptômes (rhume, légère toux). Mais cette affection est sous-estimée et peut provoquer une toux (assez) sévère et de longue durée. Une étude menée par le Gouvernement flamand a démontré que dans 28% des cas de coqueluche, la toux persistait pendant plus de 100 jours ! Situation des plus embarrassantes et qui peut être à l’origine de troubles du sommeil et d’une baisse du niveau de bien-être au travail.

Des complications sont-elles possibles ?

Certainement, mais en ce sens, la maladie est également sous-estimée. Chez les nourrissons insuffisamment vaccinés, l’une des complications de la coqueluche peut être les dommages cérébraux causés par le manque d’oxygène et les lésions hémorragiques. Chez les jeunes enfants, les complications les plus fréquentes sont la pneumonie et l’otite moyenne. Dans les pays en voie de développement où il n’y a pas de programme de vaccination et où la malnutrition et les infections sous-jacentes sont courantes, la coqueluche a plus souvent une issue fatale, également chez les jeunes enfants. Les enfants présentant une anomalie cardiaque ou pulmonaire ont également des risques accrus de souffrir de complications liées à la coqueluche. La toux persistante peut provoquer des lésions hémorragiques au niveau des poumons et du cerveau. Chez l’adulte, les complications sont les suivantes : otite moyenne, pneumonie, incontinence urinaire, problèmes de déglutition, perte auditive, fracture des côtes, hernie discale, douleurs lombaires, perte de poids. Une enquête menée par le Gouvernement flamand auprès d’environ 200 personnes souffrant de la coqueluche, a mis en avant les complications suivantes : deux cas d’incontinence, une fracture des côtes, trois contusions au niveau des côtes et une hernie discale. Tous groupes d’âge confondus, on a enregistré un pourcentage élevé (24-65%) de détresse respiratoire et de coloration bleue de la peau. Sur le plan des soins de santé, les conséquences ne sont pas négligeables non plus. Les frais de soins de santé sont considérables, avec en moyenne 3,5 consultations chez le médecin, plus de 75% des patients ont été traités par antibiotiques, 50% ont subi une radiographie pulmonaire, 12,5% ont été hospitalisés pendant 8,5 jours en moyenne et environ 25% des répondants sont restés en moyenne deux semaines chez eux (11,3 jours).

L’affection est-elle fréquente ?

L’OMS estime à environ 45 millions le nombre de personnes contaminées chaque année par la coqueluche dans le monde. Fort heureusement, seule une infime partie de ces cas ont une issue fatale, ce qui représente tout de même environ 400 000 décès par an. Ces dernières années, la fréquence de la coqueluche est en augmentation en Belgique, tant en Flandre qu’en Wallonie. La bactérie a en effet, petit à petit, tendance à s’adapter, rendant le vaccin un peu moins efficace. Cette augmentation de l’incidence est également en partie liée au fait que les médecins ont davantage conscience de l’existence de la maladie et y pensent donc plus rapidement. Ils effectuent en outre des tests plus performants en matière de diagnostic. Il est obligatoire de signaler tout cas de coqueluche aux autorités afin d’éviter toute propagation de l’affection. En Flandre, on a enregistré environ 1000 cas en 2014. De 2008 à 2013, le nombre de cas de coqueluche enregistrés est passé de 210 à 650. La Wallonie a enregistré 409 cas en 2013, soit le triple par rapport à 2012.

Est-il possible de traiter la coqueluche ?

La toux est provoquée par l’effet de la toxine pertussique sur les parois des voies respiratoires, ce qui constitue un problème majeur dans le traitement de la coqueluche. Le traitement par antibiotiques ne sera dès lors à 100% efficace que s’il est administré durant la toute première phase de la maladie, avant que la bactérie ne produise des toxines. L’effet des antibiotiques en termes de diminution significative de la durée de la maladie ou de la gravité des symptômes n’est pas clair. Toutefois, les antibiotiques sont utiles car ils permettent d’éliminer la bactérie et de supprimer ainsi le pouvoir de contagion (le patient n’est déjà plus contagieux après 5 à 7 jours de traitement).

Une toux prolongée peut-elle avoir d’autres causes que la coqueluche ?

Oui, bien entendu. Voici d’autres causes possibles : l’asthme, la bronchite chronique obstructive, le tabagisme, une infection au virus parainfluenza ou à l’adénovirus, … Il est primordial de respecter une bonne hygiène de la toux, en particulier à l’égard des femmes enceintes, des nouveau-nés et des personnes souffrant d’affections cardio-pulmonaires, et de se faire vacciner préventivement. De plus, il faut consulter son médecin traitant en cas de toux inhabituelle et persistante (> 2 semaines), en particulier, si l’on est fumeur ou ancien fumeur.

La prévention par la vaccination

Ni la vaccination ni la contamination naturelle n’assurent une protection à vie ou totale. La protection qu’offre la vaccination perdure pendant environ quatre à douze ans. Un nouveau contact avec la bactérie B. pertussis induit un effet de rappel, rendant la personne à nouveau temporairement immunisée.

Il y a une certitude : la vaccination est recommandée par le Conseil Supérieur de la Santé. Les nourrissons sont vaccinés à 8, 12 et 16 semaines, et une nouvelle fois à l’âge de 15 mois. En 2004, une vaccination de rappel contre la coqueluche à l’âge de 6 ans a été intégrée au programme de vaccination. Par ailleurs, depuis 2009, les adolescents de 14-15 ans reçoivent un vaccin de rappel supplémentaire contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche.

Enfin, la vaccination est également recommandée pour les futurs parents, les jeunes parents, les grands-parents et les contacts proches de la famille, dans le but d’éviter la contamination des nouveau-nés.

Références

  • Toename van kinkhoest in Wallonië, 2013, Véronique Zinnen, Stéphanie Jacquinet, Martine Sabbe, Carole Schirvel, Vlaams Infectieziektenbulletin 2015-2
  • Kinkhoest in Vlaanderen, een beschrijvende studie naar klachten en gevolgen van geregistreerde gevallen, Wim Flipse, Vlaams Infectieziektenbulletin 2015-2
  • Hoesten op een school in Zulte, wat was het aandeel van kinkhoest? Wim Flipse, Caroline Broucke, Nathalie Nuttinck, Vlaams Infectieziektenbulletin 2015-2
  • Vaccination contre la coqueluche, Avis 9110 du Conseil Supérieur de la Santé de Belgique, avril 2014.
  • Richtlijn Infectieziektenbestrijding Vlaanderen kinkhoest (A37), Vlaams Agentschap Zorg en Gezondheid, version 11/05/2015.
  • LCI Richtlijn kinkhoest, Rijksinstituut voor Volksgezondheid en Milieu, Pays-Bas, version de mars 2015.

Docteur Mathieu Versée
Conseiller en Prévention – Médecin du Travail
Conseiller scientifique

Source : Actuascan, décembre 2015, n°12