Souffrez-vous du diabète de type 2 ?
Publication 25 avril 2016

Souffrez-vous du diabète de type 2 ?

Le diabète est en progression. Ces dernières décennies, le nombre de personnes atteintes de diabète a plus que doublé.

À l’heure actuelle, environ 8% de la population adulte belge (1 adulte sur 12) en souffre. En 2030, ce chiffre atteindra les 10%. Dans l’ensemble, un peu plus d’un million de personnes en Belgique souffrent de diabète ou présentent un risque accru de développer la maladie. On estime qu’une personne sur trois atteinte du diabète ne sait pas qu’elle en souffre et ne bénéficie donc pas du traitement adéquat. Les conséquences sur la santé sont pourtant non négligeables. Cet article a pour but d’expliquer ce qu’est le diabète de type 2 et de proposer des pistes de prévention du diabète. Nous ne traiterons ici que la forme de diabète qui est de loin la plus courante et qui est aussi celle que l’on peut prévenir, c’est-à-dire le diabète de type 2.

Qu’est-ce que le diabète de type 2 ?

Le diabète de type 2 trouve son origine dans deux problèmes : le pancréas produit bien de l’insuline mais en quantités insuffisantes et cette insuline présente un fonctionnement déficient. Normalement, l’insuline a pour effet de diminuer le taux de sucre dans le sang. En présence d’un diabète de type 2, le taux de sucre dans le sang sera donc généralement élevé en permanence.


Le taux élevé de sucre dans le sang provoque des dommages dans différents tissus, sans même que l’intéressé ne s’en aperçoive. Au moment du diagnostic du diabète de type 2, de nombreuses personnes n’éprouvent que peu, voire aucun symptôme. La maladie peut donc rester silencieuse pendant des années. Le diagnostic est souvent découvert de manière fortuite, lors d’un examen de médecine du travail par exemple, ou suite à une complication comme une blessure au pied qui ne guérit pas correctement, des crampes au niveau des pieds ou des orteils. Les infections des organes génitaux et les cystites à répétition peuvent également faire partie des premiers symptômes. Chez les personnes atteintes du diabète depuis un certain temps, des symptômes plus caractéristiques tels que la soif, les mictions fréquentes et la fatigue apparaissent mais ces symptômes n’interviennent généralement qu’après un laps de temps relativement long.

Quelles sont les complications du diabète ?

Le diabète de type 2 induit un excès permanent de sucre dans le sang (hyperglycémie). Par ailleurs, le taux de sucre peut également être momentanément trop bas, c’est ce que l’on appelle l’hypoglycémie, qui se produit généralement suite à la prise de médicaments hypoglycémiants. L’hypoglycémie peut entraîner une perte de connaissance (coma).

À terme, les effets de l’hyperglycémie peuvent toucher les vaisseaux sanguins, tant de petite que de grande taille, et endommager différents organes.

Voici les problèmes qui peuvent survenir :

  • Maladies cardio-vasculaires : infarctus du myocarde, pied diabétique, AVC, crampes au niveau des jambes, …
  • Maladies oculaires : atteinte des petits vaisseaux sanguins de la rétine (rétinopathie), hémorragies de la rétine, décollement de la rétine, cécité, …
  • Atteinte des nerfs (neuropathie) : les circuits nerveux au trajet long sont plus fragiles que ceux au trajet court, ce qui explique pourquoi les premiers symptômes se manifestent souvent au niveau des pieds : un pied qui ‘dort’, des démangeaisons, une sensation de brûlure, l’apparition d’une certaine agitation rendant impossible le maintien des pieds en place. Dans des cas extrêmes, certaines personnes peuvent développer une insensibilité quasi-totale, alors que d’autres éprouveront des douleurs difficilement supportables. L’insensibilité comporte des dangers car les sensations de pression ou de douleur sont fortement atténuées.
  • La neuropathie peut également avoir un impact sur le fonctionnement d’autres organes. Des problèmes de tension peuvent ainsi apparaître, un ralentissement de la vidange gastrique, de la constipation ou de la diarrhée, des problèmes de vidange de la vessie, des problèmes d’érection chez l’homme et de sécheresse vaginale ou de perte de sensibilité chez la femme.
  • Atteinte des reins (néphropathie). Les problèmes de reins arrivent souvent sans crier gare mais il va sans dire qu’ils sont délétères, entre autres pour le système cardio-vasculaire.

Le diabète implique un changement de vie puisqu’il faut se rendre plus souvent chez son médecin traitant, chez l’ophtalmologue et chez le spécialiste.

Le diabète a-t-il un impact sur le travail ?

La pratique a démontré que la plupart des personnes souffrant de diabète sont capables d’effectuer un excellent travail. On compte même des sportifs de haut niveau souffrant de diabète. Il n’est toutefois pas toujours aisé de combiner diabète et travail, tout dépend notamment du type de travail effectué. Dans les métiers dits « sans » risques professionnels, tels que le travail administratif, la fonction de manager, etc., le diabète a des implications. Certains diabétiques peuvent en effet souffrir de fatigue, de sautes d’humeur et de problèmes de concentration. Les chauffeurs de poids lourds ont aussi tout intérêt à éviter cette maladie. Le médecin du travail peut en effet leur imposer une limitation de la durée de validité de leur permis de conduire. En raison du risque d’hyper- ou d’hypoglycémie, le diabète interfère, de manière générale et dans une proportion plus ou moins grande, dans tous les emplois susceptibles de mettre en danger la santé et la sécurité d’autrui. En cas de diabète insulino-dépendant, les injections d’insuline peuvent troubler la continuité du travail car elles nécessitent des pauses régulières. Les injections d’insuline entraînent également un risque légèrement accru d’hypoglycémie.

Les conséquences du diabètes vont croissant avec l’évolution de la maladie. Le vieillissement de la population, associé au relèvement de l’âge de la pension ne feront qu’accroître l’impact du diabète sur le travail.

Comment diagnostiquer le diabète ?

Si vous avez un risque accru de souffrir du diabète de type 2 ou si vous présentez les symptômes décrits ci-dessus, il faut consulter son médecin traitant. Ce dernier pourra déterminer si votre taux de sucre sanguin est trop élevé en réalisant une simple analyse de sang. Il est préférable d’effectuer cette prise de sang à jeun.

La prévention du diabète

Si certains facteurs de risques (âge, hérédité, …) sont fixes, l’apparition du diabète de type 2 peut, dans la grande majorité des cas, être différée ou évitée grâce à un mode de vie sain.

  • L’exercice physique : 30 minutes d’exercice physique par jour font baisser de 30% le risque de contracter le diabète de type 2. Le sport ou l’activité physique intensive sont certes bénéfiques à la santé du corps et de l’esprit mais ne sont pas toujours accessibles à tout un chacun. Il faut essayer de bouger pendant au moins 30 minutes (réparties sur la journée, avec un minimum de 10 minutes ininterrompues), à une intensité modérée (pratiquer des activités élevant la vitesse et l’intensité de respiration, comme le vélo, la marche rapide, la natation, …) et à raison de 5 jours par semaine. Chaque pas compte dans la prévention du diabète. Voici quelques idées simples pour introduire une activité physique suffisante dans son quotidien : prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, s’arrêter un arrêt de bus avant ou après son arrêt habituel, garer sa voiture à une certaine distance, aller faire les courses à pied, … Faire 10 000 pas par jour s’accompagne de bienfaits manifestes pour la santé. Si vous n’avez pas l’habitude de bouger, sachez que chaque pas compte pour prévenir le diabète ! On peut ainsi déjà voir son risque de diabète fortement diminuer en augmentant son nombre actuel de pas de 2 500 à 3 000 pas par jour. En cas de diabète, l’activité physique permet de maîtriser la maladie mieux que n’importe quel médicament !
     
  • Diminuer le nombre de moments passés en position assise permet d’obtenir une baisse supplémentaire du risque de diabète de 10%. Si toute forme d’activité physique supplémentaire s’accompagne de bienfaits supplémentaires pour la santé, les petits changements contribuent aussi à réduire le risque de diabète. Évitez ainsi la station assise prolongée à la maison ou au travail en prenant régulièrement des pauses pour bouger : aller aux toilettes à un autre étage, téléphoner en marchant, fractionner le temps passé assis devant l’ordinateur, …
     
  • Manger sain et varié. Vous pouvez par exemple appliquer les principes de la pyramide alimentaire active. Pour maintenir son risque de diabète au niveau le plus bas possible, il est particulièrement important d’avoir un apport suffisant en fibres, de limiter ses apports en graisses (saturées), ainsi que sa prise totale de calories.
     
  • En cas de surpoids, perdre 5% de son poids corporel permet de diminuer son risque de diabète de 30% ! Les premiers kilos perdus sont les plus importants. Évitez également la consommation trop importante de sucres libres, consultez la page web de Partena "Faites le test du sucre !".
     
  • Arrêter de fumer. Le tabagisme augmente en effet de 50% le risque de contracter un diabète de type 2.
Dr Mathieu VERSEE,
Conseiller scientifique et Conseiller en prévention - Médecin du travail

Source : Actuascan, avril 2016, n°3