Les technologies de l’information et de la communication peuvent nous offrir beaucoup d’aide dans notre travail (pensons aux facilités d’Internet dans l’aide à la recherche d’informations, ou aux suites bureautiques qui peuvent nous faire gagner beaucoup de temps).  Mais tous ces outils liés aux nouvelles technologies peuvent aussi constituer une source supplémentaire de stress pour leurs utilisateurs. Le technostress est défini comme le stress induit par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Il peut s’ajouter aux autres sources de stress, professionnelles et privées. Ce technostress peut être induit via plusieurs processus :

  • une augmentation du contrôle des performances et du temps de travail, qui peut être ressenti comme invasif dans certains cas ;
  • le rythme de travail qui peut être ressenti comme dicté par la machine ;
  • la surcharge d’informations via le courriel ou les autres moyens de communication ;
  • le travail interrompu par ces communications via  téléphone mobile ou les courriels ;
  • les exigences liées à ces TIC notamment par leur apprentissage, leur évolution rapide ou leurs défaillances qui nous empêchent de travailler;
  • ces NTIC affaiblissent aussi la séparation entre temps de travail et vie privée.

Plusieurs stratégies pour s’en prémunir

D’un point de vue organisationnel, il est d’abord utile de mettre à la disposition du personnel des outils et des logiciels dont l’ergonomie de travail et les performances sont optimales. Cela éviterait aux collaborateurs de s’énerver si la machine tarde systématiquement à donner les renseignements demandés, ou lorsque 36 clics sont nécessaires pour y parvenir (à ce propos, nous vous renvoyons à notre article "L'ergonomie informatique ou comment créer des systèmes informatiques faciles à utiliser".

Une formation du personnel à l’utilisation de ces outils est aussi importante. Cette formation doit aborder aussi bien les aspects techniques qu’organisationnels lors de l’usage des TIC.

Une politique de communication claire et cohérente devrait être précisée, pour éviter la surcharge de courriels et la répétition de messages via différents canaux.

D’un point de vue personnel, nous pouvons aussi adopter certaines attitudes pour nous faciliter la vie. Tout d’abord, évitons le multitâche et essayons de nous concentrer sur un projet à la fois. Donc coupons notre programme de courriel si nous travaillons sur une tâche nécessitant de la concentration, ou notre GSM lors de réunions demandant toute notre attention. Nous ne sommes pas obligés de répondre immédiatement à toutes les demandes de nos collaborateurs ou de nos clients. Evitons aussi de lire nos courriels avant d’aller dormir, ceci pourrait retarder notre endormissement. Pensons aussi à nos collègues et évitons de les surcharger de courriels inutiles. Est-il nécessaire de mettre systématiquement telle personne en copie de tous nos mails ?

En conclusion, la prévention du technostress demande à la fois un effort de l’entreprise et de ses collaborateurs pour mieux organiser l’utilisation des NTIC dans et en-dehors de l’entreprise.


Dr Michel MULLER,
Conseiller en Prévention- Médecin du Travail 
Conseiller scientifique

Source : Actuascan, janvier 2015, n°2